Le
père de la victime du viol en Inde veut
que le monde sache que sa fille s'appelle Jyoti Singh Pandey
Article original par Nada Farhoud et Jalees Andrab pour The Sunday People
Un père anéanti explique au journal The Sunday People qu'il
espère qu'en révélant son nom cela donnera du courage à d'autres femmes ayant survécu à
une telle attaque.
Badri Singh Pandey, père de Jyoti Singh Pandey. Couverture Asia Press/Shariq Allaqaband. |
Shariq Allaqaband
Le monde la connait seulement sous le nom de la Fille de l'Inde qui a été violée en bande et tuée.
Mais aujourd'hui, avec la
permission de son père anéanti, nous pouvons révéler son nom : Jyoti Singh
Pandey.
Badri,
un père courageux de 53 ans explique à The Sunday People :
"Nous voulons que le monde connaisse son véritable nom. Ma fille n'a rien fait de mal, elle est morte en se protégeant elle-même."
"Nous voulons que le monde connaisse son véritable nom. Ma fille n'a rien fait de mal, elle est morte en se protégeant elle-même."
"Je suis fier d'elle.
Révéler son nom va donner du courage à d'autres femmes qui ont survécu à ces
attaques. Ma fille leur donnera des forces."
The Sunday People a
interviewé Badri et sa famille dans leur village ancestral de la Dre Billia
situé dans le nord de l'Inde dans l'Uttar Pradesh.
Badri
Singh Pandey, père de Jyoti Singh Pandey, avec sa famille
Shariq Allaqaband
Ils se sont retirés ici
pour porter le deuil loin de leur maison de Delhi, un endroit qui leur rappelle
constamment l'agression sexuelle barbare dont Jyoti a été victime après être
montée dans un bus avec un ami.
Son épouse Asha, 46 ans,
était trop choquée pour parler.
Badri raconte : "Au
début, je voulais me retrouver face à face avec les hommes responsables, mais
je ne le souhaite plus. Je veux juste entendre qu'un tribunal les a punis et
qu'ils vont être pendus."
"La mort pour tous
les six Ces hommes sont des bêtes. On devrait en faire un exemple montrant que
la société ne tolèrera pas ce genre de choses."
Lorsqu'il se souvient du
jour où il a eu connaissance du calvaire de sa fille unique, Badri dit qu'il
venait de rentrer un peu après 22h30 le 16 décembre après son service à
l'aéroport de Delhi où il travaille.
Sa femme s'inquiétait que
Jyoti, étudiante en médecine, ne soit pas rentrée après le cinéma.
Des
Indiens participent à une veillée
AP
Badri raconte : "On a
commencé à appeler son portable et celui de son ami, mais il n'y a pas eu de
réponse."
"Puis à 23h15, nous
avons eu un appel de l'hôpital de Delhi nous disant que notre fille avait eu un
accident."
Badri a demandé de l'y
conduire à moto.
Il explique :
"Lorsque je l'ai vue pour la première fois, elle était au lit avec les yeux
fermés."
"J'ai mis ma main
sur son front et l'ai appelée par son nom. Elle a lentement ouvert les yeux et
a commencé à pleurer en disant qu'elle souffrait.
"J'ai retenu mes
larmes. Je lui ai dit de ne pas s'inquiéter, d'être forte et que tout se passerait
bien."
Nos mères, soeurs et filles ne sont pas en sécurité dans notre propre pays l'Inde, c'est inacceptable et honteux AP |
Une
famille indienne allume des bougies à la mémoire de la victime du viol
collectif à New Delhi, Inde
A ce moment là, Badri ne savait toujours pas ce qu'il s'était
passé. Un policier le lui a finalement expliqué. Jyoti et son ami Awindra
Pandey, 28 ans, étaient montés à bord d'un bus pour rentrer chez eux, mais ont
été embarqué sur la route de l'enfer pendant deux heures et demi par le
pilote, son assistant et quatre passagers.
Tout deux ont été battus
avec des barres de fer et Jyoti a été violée à maintes reprises avant d'être
dépouillés et jetés sur une route menant à l'aéroport de Delhi - pas
loin d'où travaillait Badri.
Il explique : " J'ai
immédiatement appelé ma femme et mes fils pour leur dire de venir à l'hôpital.
Mais je ne pouvais pas leur dire pour le viol."
Pendant les dix premiers
jours Jyoti était parfois consciente et on avait bon espoir qu'elle puisse
survivre. Badri raconte : "Les médecins ont fait de leur mieux pour la
sauver. Elle a parlé quelques fois, mais surtout par des gestes. Elle avait un
tuyau d'alimentation dans la bouche ce qui la gênait pour parler."
"Elle a écrit sur du
papier qu'elle voulait vivre, qu'elle voulait survivre et rester avec nous.
Mais c'est le destin qui a eu le dernier mot à la fin."
Jyoti a fait deux
déclarations à la police, mais Badri était trop bouleversé pour rester assis à
écouter ce que sa fille avait subi.
Cinq hommes ont été officiellement inculpés du meurtre, de l'enlèvement et du viol collectif de Jyoti. |
" Ma femme était avec
elle pendant les dépositions mais elle a tellement pleuré après avoir tout
entendu ..."
" Elle m'a ensuite
raconté ce qui s'était passé. Je n'ai pas les mots pour décrire l'incident.
Tout ce que je peux dire, c'est qu'ils ne sont pas humains, pas même animaux.
Ils ne sont pas de ce monde."
" C'était tout
simplement horrible et j'espère que personne n'aura à endurer ça."
"Elle criait
beaucoup, elle souffrait beaucoup. Et quand elle a vu sa mère et ses frères,
elle a encore pleuré."
"Mais après ça elle était
une fille courageuse, elle essayait même de nous consoler et de nous donner
l'espoir que tout allait bien se passer."
Les médecins ont été
contraints de retirer les intestins de Jyoti et comme son état s'aggravait, ils
l'ont envoyée par avion à Singapour le lendemain
de Noël pour des soins spécialisés.
Badri raconte : "Je
lui ai dit que tout allait bien se passer et que nous serions bientôt chez
nous. Elle était enthousiaste quand on parlait de rentrer et elle souriait."
"J'ai mis ma main
sur son front, elle m'a demandé si j'avais dîné, puis elle m'a fait comprendre
d'aller dormir. J'ai tenu sa main et l'ai embrassée. Je lui ai dit de se
reposer et de ne pas s'inquiéter et elle a fermé les yeux."
Jyoti
a été emmenée au Mount Elizabeth Hospital pour des soins avant sa mort
Rex
Tandis que Jyoti se
battait pour sa vie, des milliers de personnes sont descendus dans la rue pour
exiger la pendaison des six accusés et une nouvelle loi contre le viol. Mais
trois jours plus tard, le 29 décembre elle a eu une crise cardiaque à l'issue
fatale.
Badri raconte : " Je
voulais si désespérément qu'elle survive, même si elle aurait du à vivre avec
un souvenir de cette attaque et gérer ce traumatisme.
"Nous sommes si
bouleversés qu'elle ne soit plus là. Il y a un vide immense dans nos vies. Elle
a été au centre de notre univers. Nos vies tournaient autour de la sienne.
"Son absence est si
douloureuse, un avenir sans elle est inimaginable."
Badri explique que l'ami
de Jyoti, Awindra, n'était pas son petit ami - juste un ami très courageux qui
a tenté de la sauver.
Il explique : "Il
n'était pas question de mariage car nous appartenons à des castes différentes.
Elle n'a jamais exprimé le
désir de se marier. Elle se concentrait sur ses études et voulait un premier
travail."
Badri révèle également que
Jyoti a souvent mentionné combien Awindra a tenté de la sauver.
Un
participant allume une bougie à côté d'un panneau au cours d'une veillée pour
Jyoti
Reuters
"Elle n'arrêtait pas de
dire à sa mère qu'il avait fait de son mieux, mais ils l'ont tabasser à coups de barre de fer."
Badri chérit désormais les
souvenirs de sa fille. Il se souvient de son rêve de devenir médecin.
Il explique : "Je lui
avais dit que je n'avais pas les moyens de payer pour ça, mais elle était
déterminée. Elle voulait être un médecin, gagner beaucoup d'argent et aller
souvent à l'étranger."
Lorsque Badri est arrivé à
Dehli en 1983, il gagnait 150 roupies par mois, soit l'équivalent de 1,70 €
aujourd'hui.
Mais il a vendu certaines de
ses terres pour payer les études de sa fille, et a épargné autant que possible
sur ses 5 700 roupies (€ 65) par mois qu'il gagne à présent.
Badri raconte :
"C'est difficile de vivre à Dehli avec mon salaire, très dur. Mais Jyoti
disait qu'elle allait changer tout cela. Elle voulait changer nos vies une fois
qu'elle aurait un travail."
Jyoti avait à peine
terminé ses de quatre ans de physiothérapie dans une université à
l'extérieur de Dehli. Elle faisait un stage quand elle a été attaquée.
Ses frères, Gaurav Singh,
20 ans, et Saurav Singh, 15 ans, étaient proches de leur grande sœur et
n'imaginent pas comment ils vont pouvoir faire face à la situation.
Gaurav : "La vie va
être si difficile sans elle. Sans ses conseils, je ne sais pas quoi faire ni comment
mener ma vie à présent."
Badri et toute la famille
ont été touchés par la façon dont la nation les a soutenu.
Il explique : "Le
peuple de l'Inde nous a donné la force pour faire face à notre perte. Je pense
qu'elle n'est pas seulement ma fille mais également la fille de l'Inde.
Je lisais les articles sur les viols dans les journaux,
mais ne les digéraient jamais vraiment. Nous sommes reconnaissants à tous ceux
qui sont venus pour protester contre la barbarie."
Des tests d'ADN ont fait
la preuve du lien des cinq hommes et d'un autre de 17 ans présents dans le
bus pour le viol et le meurtre. Les
hommes paraitront devant la Cour de district dans la zone Saket de la capitale
indienne demain. Celui de 17 ans sera jugé séparément comme un mineur.
Badri espère maintenant
que les mères et les pères vont apprendre à leurs fils à respecter les femmes.
Il explique : "La
police ne peut pas gérer cela toute seule. Mais les parents ont besoin de
garder un œil sur leurs enfants aussi."
Le visage de Badri s'est
éclairé quand il a parlé des rêves Jyoti et qu'il nous a invité à feuilleter
son album de famille. Chaque photo montre sa fille magnifique souriant. Sur la
plupart, elle porte des vêtements occidentaux, qu'elle préférait au sari
traditionnel . Ses long cheveux noirs et brillant étaient aussi toujours
détachés.
En respect avec les
souhaits de Badri on ne la dépeint pas.
La diffusion d'une photo
sera pour un autre jour.
La loi indienne interdit
de nommer une victime de viol à moins qu'elle l'autorise ou, si elle est morte,
que sa famille l'accepte.
Pour le moment, pour cette
famille dévastée, autoriser la diffusion du nom de leur fille chérie suffit.
Pétition sur avaaz.org : Mettons fin à la guerre de l'Inde contre ses femmes
Pétition sur avaaz.org : Mettons fin à la guerre de l'Inde contre ses femmes
Salut...
RépondreSupprimer"Badri a demandé de l'y conduire à moto."
Tu as oublié "à un ami"
"Badri a demandé à un ami de l'y conduire à moto."
Tu peux effacer mes commentaires après correction si tu veux.
RépondreSupprimer"Ses frères, Gaurav Singh, 20 ans, et Saurav Singh, 15 ans, étaient proches de leur grande sœur et n'imaginent pas comment ils vont pouvoir faire face à la situation."
concordance des temps :
Ses frères, Gaurav Singh, 20 ans, et Saurav Singh, 15 ans, étaient proches de leur grande sœur et n'imaginent pas comment ils allaient pouvoir faire face à la situation.
lol euuhh.. combat anarchiste .Ce genre de correction est inutile car pour la première phrase "Badri a demandé de l'y conduire à moto" ,c'est tout à fait correct. Le "l" désigne la personne qui l'accompagne et pour la seconde phrase "les frères étaient proches de leur sœur et n'imaginent pas", il n 'y a pas non plus de problème. Ils sont toujours vivants et dans le présent ils n'imaginent pas comment ils vont faire. Tu ferais mieux d'effacer tes commentaires tout seul.
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