L'immense salle à manger au toit en forme de dôme tient toujours. Les piliers ornés de plâtre aussi, mais on ne reconnaît plus rien du reste de la pièce en ruine.
Au milieu du hall circulaire, à la place de
l'immense table luxueuse où se seraient assis tout ce qui se fait de mieux du
parti Baath de Sadam, deux tranchées profondes.
En levant les yeux au plafond, les deux trous
en plein milieu du dôme montrent bien par où sont passées les bombes lancées depuis plus de 40 000 pieds avant de tomber sur le palais.
Tout autour ne subsistent que des ruines. Des tiges de bétons armés ont été tordues autour d'un pilier par la
force de l'explosion.
A travers les murs carbonisés, la lumière filtre. Ce que les bombes américaines visaient, ce sont ces débris et ces tiges en fers tordues recouvertes de poussière.
L'ensemble du palais n'était
qu'une déguisement élaboré pour l'abri nucléaire et le centre de commandement souterrain de Saddam Hussein.
C'est immense, 1 800 m², et ça
n'a même pas été égratigné par les sept bombes à fragmentations anti-bunker, ni
par les 20 missiles de croisières tirés pendant la guerre.
Comme beaucoup d'autres
bâtiments immenses et somptueux éparpillés à travers l'Irak, de l'extérieur, le
palais tient debout.
" Derrière les maçonneries
décoratives on dirait que c'est un
" gros gâteau de mariage composé de couches de béton," explique
John Carter, un ingénieur britannique travaillant en Irak et qui a pris un
intérêt particulier à l'abri, offrant même de temps en temps des visites aux
initiés
Les couches de bétons ont
trompé les missiles spécialement conçus pour "compter" le nombres
d'étages dans lesquels ils passent avant d'exploser.
De retour à l'air libre, John
m'a emmené dans une des cinq entrées du bunker, celle que les Rangers
américains ont utilisé, en faisant exploser l'énorme sas en métal.
Nous avons emprunté un escalier
en colimaçon pour arriver 60 pieds sous terre dans le long couloir qui mène au
refuge qui pourrait résister si une bombe nucléaire de la taille de celle d'Hiroshima, était lâchée à seulement 200 mètres de là.
"Ça se voit que les
pillards ont tout pris. Depuis deux ans que je viens
ici, les choses ont pas trop bougé. C'est dommage parce que si on avait soudé
les portes ça aurait fait un super musée" explique John.
Et il reste vraiment pas grand
chose.
La salle de contrôle, là où
était géré le système de protection au gaz, et aussi la salle de montage télé,
quelques lecteurs de cassettes et panneaux de configuration, mais c'est tout.
C'est ici que Baghdad Bob
se tenait quand il enregistrait ses messages sur Al-Jazeera, la seule équipe télé autorisée qui
avait même une salle de réunion dans laquelle se trouvait une énorme carte en relief éclairée.
Dans la suite de Saddam Hussein une pièce à la moquette moelleuse, il ne reste plus
qu'un petit bout de son bureau. Ils ont même essayé de prendre la porcelaine
de la salle de bain, et tous les robinets ont disparus.
John raconte que "L'homme qui a conçu le bunker était le petit fils de la femme qui avait conçu le bunker d'Hitler. Il a été construit par les hommes de Tito en Yougoslavie entre 1975 et 1983."
Il y a un générateur, une usine
de filtrage d'air et de traitement des eaux dont les tuyaux ont été volés, et
du coup l'eau inonde le bunker, mais sans jamais dépasser le niveau du sol grâce à
un système de vidage dans le Tigres.
Avec les aliments séchés et les
produits frais dans les chambres froides des gens auraient pu vivre plus de 12
mois dans le bunker.
Il y a partout une odeur de renfermé et d'humidité; et pas
d'électricité.
A l'endroit de la séparation entre le palais et le bunker,faites à l'aide de gros ressorts pour le protéger d'une explosion, il y a un trou dans la grille métallique au plancher par lequel on peut voir l'eau en dessous.
A l'endroit de la séparation entre le palais et le bunker,faites à l'aide de gros ressorts pour le protéger d'une explosion, il y a un trou dans la grille métallique au plancher par lequel on peut voir l'eau en dessous.
"C'est ici qu'on a perdu un capitaine" rigole John, "mais on l'a sorti de là.Les pilleurs
voleraient n'importe quoi qui n'est pas cassé."
Et dans la plus grande des
chambres, encore une fois, joliment tapissée comme si c'était la salle de réunion du parti Baas, John m'a demandé
de lever les yeux.
" On est juste sous la
salle à manger principale que les bombes ont frappées, et tout va bien"
Une sacré pièce d'ingénierie souterraine protégée bien que détruite sur le dessus. Ca aurait fait un super musée, et qui sait ....
Une sacré pièce d'ingénierie souterraine protégée bien que détruite sur le dessus. Ca aurait fait un super musée, et qui sait ....